Le réglage de l’instrument s’effectue plus aisément en atelier, ce qui nécessite le transport de votre piano jusqu’à notre établissement. Si le déménagement s’avère trop complexe, un technicien peut se rendre chez vous pour réaliser le réglage sur place.
En général, un réglage complet peut prendre jusqu’à deux journées de travail.
Le forfait “réglage complet” proposé par notre atelier comprend :
- Le transport aller-retour de votre piano.
- Un nettoyage approfondi de l’instrument.
- Le serrage de toutes les vis de la mécanique.
- Un préréglage suivi d’un réglage intégral de la mécanique.
- Une pré-harmonisation.
- Des accords.
- L’harmonisation finale.
Dans la suite de cet article, nous allons expliquer brièvement chacune de ces étapes.
1) Le transport
Le transport d’un piano doit impérativement être effectué par des professionnels expérimentés. En règle générale, deux personnes suffisent, mais il arrive parfois qu’une seule personne, avec l’aide du client, puisse s’en charger.
La combinaison de techniques appropriées, d’expérience et d’un équipement adéquat garantit un transport sans dommages ni soucis.
2) Le nettoyage.
La première étape en atelier consiste à nettoyer minutieusement le piano. Lorsque vous le récupérerez, il sera entièrement dépoussiéré et impeccable, ce qui rend le travail du technicien beaucoup plus agréable !
Pour ce faire, nous démontons complètement le meuble, retirant la mécanique et toutes les touches. À l’aide d’un souffleur connecté à un puissant compresseur, nous nettoyons soigneusement l’intérieur du meuble ainsi que chaque touche individuellement. La mécanique est également soufflée, en veillant à ne pas endommager les étouffoirs, qui sont très sensibles et ne supporteraient pas une telle pression.
3) Le serrage des vis de mécanique.
La mécanique de votre instrument est constituée de nombreuses pièces indépendantes, notamment les 88 chevalets, 88 marteaux et environ 60 étouffoirs, tous fixés par des fourches vissées au corps de la mécanique. Cela représente déjà près de 240 vis à resserrer, sans compter celles qui maintiennent les barres de repos.
Cette étape est cruciale, car elle garantit une meilleure durabilité du réglage de votre piano dans le temps.
4) Le préréglage
Le préréglage consiste à réajuster et aligner les divers éléments de la mécanique :
Tout d’abord, les marteaux doivent être dégauchis, défauchés et centrés.
Le défauchage est nécessaire lorsque l’un des marteaux se déplace latéralement pendant son mouvement au lieu de se diriger droit. Pour résoudre ce problème, nous démontons le marteau et plaçons une petite bande de papier derrière la fourche, du côté opposé à celui vers lequel le marteau se déplace.
Le dégauchissage est requis lorsque la tête du marteau est désaxée. Cette opération consiste à chauffer légèrement le point de colle entre le manche et la tête du marteau afin de réaligner cette dernière.
Le centrage du marteau consiste à ajuster sa position à droite ou à gauche pour qu’il se trouve bien en face des cordes qu’il doit frapper.
Ainsi, les marteaux sont parfaitement alignés et frappent chacun au bon endroit sur les cordes, sans interférer les uns avec les autres.
5) La pré-harmonisation.
Maintenant que toutes les têtes de marteaux sont correctement alignées, nous passons à l’étape de la pré-harmonisation.
Au fil des impacts sur les cordes, les marteaux subissent des marques d’usure. Cette usure visible se manifeste par des stries au niveau du point de frappe de chaque tête de marteau.
Pour réaliser cette opération, nous retirons la mécanique du piano et la plaçons sur un établi. Les têtes de marteaux sont ensuite poncées une par une à l’aide d’une technique spécifique qui préserve leur forme arrondie.
Plusieurs passes sont nécessaires : nous commençons par poncer les têtes de marteaux avec du papier de verre grain 150 pour enlever les aspérités, puis nous utilisons des grains de 220, 400, 800, jusqu’à 1500 en fonction de la clarté du son souhaitée.
Cette pré-harmonisation permettra de redonner de la rondeur aux têtes de marteaux et d’éclaircir un son devenu “mou” en raison de l’usure naturelle.
6) Le réglage
Le réglage de la mécanique d’un piano s’effectue en plusieurs étapes successives, qui doivent être réalisées dans un ordre précis.
Chaque opération doit être répétée 88 fois avec la même rigueur et précision.
A : La mise sous le nez
Cette étape consiste à ajuster les pilotes situés à l’extrémité des touches afin qu’ils soient en contact direct avec le chevalet qui les surplombe. Si un pilote est trop bas, il créera une sensation de creux désagréable au toucher. À l’inverse, un pilote trop haut alourdira la sensation au toucher et perturbera considérablement les réglages suivants. Les pilotes peuvent être vissés ou dévissés en fonction de la nécessité de les abaisser ou de les relever.
B : niveau de clavier.
Les touches d’un clavier doivent être parfaitement alignées à la même hauteur. Pour y parvenir, nous ajoutons ou retirons des mouches de balancier au niveau des pointes de balancier.
Ce réglage nécessite une extrême précision, car l’épaisseur des mouches de balancier peut varier de 0,04 mm à 1,6 mm. Nous réglons d’abord quelques touches à la hauteur souhaitée aux extrémités du clavier. Ensuite, nous plaçons un profilé métallique, qui fonctionne comme une grande règle parfaitement plane, sur le clavier. Cela nous permet d’observer les écarts en examinant les espaces créés entre les touches trop basses et le profilé métallique. Nous répétons ensuite cette opération pour les touches noires.
C : enfoncement
Toutes les touches doivent s’enfoncer à la même profondeur. Le technicien utilise une cale d’enfoncement de la taille appropriée et appuie sur les touches blanches. En effleurant le dessus de la cale et la touche adjacente, il peut détecter, du bout des doigts, une différence de quelques dixièmes de millimètre. Il compense ensuite cette différence en ajoutant ou en retirant des mouches d’enfoncement situées sous la touche. Il existe également des cales lestées (voir photo), offrant au technicien le choix selon sa préférence.
D : Échappement.
Lorsque vous appuyez doucement sur une touche de votre piano, vous ressentirez peu avant d’atteindre le fond une légère sensation de « frottement ». Ce phénomène est dû au bâton d’échappement situé sur le chevalet qui se libère. La zone qui suit l’échappement, communément appelée « gras » ou « aftertouch » par les techniciens, est une composante essentielle de la sensation au toucher. Ce réglage crucial influence également le comportement du marteau et la qualité de répétition d’une note.
L’échappement se règle à l’aide d’un outil, que ce soit un tourne-à-gauche avec petite cuvette ou grande cuvette, selon le type de piano.
Cet outil permet d’accéder à la vis de réglage et de la tourner dans le sens approprié, que ce soit pour avancer ou reculer l’échappement.
Sur un piano droit neuf, l’échappement des basses est généralement réglé à 3 mm des cordes.
En revanche, pour les pianos anciens ou d’occasion, il est recommandé d’effectuer des tests afin de déterminer le meilleur réglage d’échappement.
E : Réglage de l’attrapé et alignement des attrapes.
Lorsque vous appuyez sur une touche et que vous maintenez la pression, le marteau frappe les cordes, mais ne revient pas à sa position initiale, car il est retenu par l’attrape. Cela permet de répéter la même note plus rapidement, car le marteau a moins de distance à parcourir pour se réactiver. L’objectif est d’obtenir un attrape uniforme sur toutes les touches, tout en veillant à ce que les attrapes soient bien alignées pour des raisons esthétiques. Cela ne sera réalisable que si l’enfoncement et le niveau du clavier ont été réalisés avec une grande régularité.
F : réglage du départ collectif des étouffoirs
Lorsque vous appuyez sur la pédale forte (pédale de droite), un mécanisme est activé qui soulève tous les étouffoirs simultanément. Il est crucial que tous les étouffoirs se lèvent et se reposent ensemble pour garantir que toutes les notes jouées soient étouffées en même temps.
Pour ce faire, le technicien actionne doucement la pédale et observe le mouvement des étouffoirs. À l’aide d’un outil à couder, il plie légèrement les tiges des étouffoirs afin de les ajuster, en les déplaçant un peu en avant ou en arrière pour retarder ou accélérer leur levée. Cette opération nécessite une grande délicatesse, car une mauvaise manipulation peut rapidement désaxer un étouffoir, compromettant ainsi son fonctionnement correct.
G : réglage du départ individuel des étouffoirs.
Après avoir réglé le départ collectif, il est maintenant temps de s’attacher au départ individuel, qui s’active dès que vous jouez une note.
Initialement, tous les étouffoirs reposent contre les cordes. Lorsqu’une note est jouée, l’étouffoir correspondant doit se soulever pour permettre aux cordes frappées de produire un son. Si l’étouffoir demeurait en position, le son émis serait pratiquement inaudible.
Pour accomplir cela, un mécanisme ingénieux relie le mouvement du marteau vers les cordes à la cuillère placée sur le chevalet, qui est en contact avec le bas de la lame des étouffoirs. Ainsi, lorsque le marteau atteint un certain point de sa course (la moitié de la distance entre le marteau et la corde), l’étouffoir doit se lever.
C’est également la levée de l’étouffoir qui influence le poids du toucher. Ce réglage est donc crucial pour assurer une sensation de toucher homogène. Un départ individuel légèrement déréglé peut donner l’impression que certaines touches sont très lourdes, tandis que d’autres paraissent légères. En revanche, un départ individuel fortement déréglé peut entraîner des problèmes plus graves, tels que des notes qui ne résonnent plus du tout ou, à l’inverse, des notes qui continuent de vibrer.
Finalisation
Après avoir complété toutes ces étapes, le piano est accordé une dernière fois avant d’être remonté. Le technicien jouera ensuite pendant plusieurs dizaines de minutes pour s’assurer que tout fonctionne correctement. On vérifie que le réglage est stable et qu’il n’y a pas de bruits parasites, qui peuvent survenir après le remontage du meuble.
Ensuite, le meuble et le clavier sont nettoyés, et le piano est emballé dans du cellophane, prêt pour la livraison.
Le réglage d’un piano droit est une étape essentielle dans l’entretien de votre instrument. Il doit être réalisé par un technicien expérimenté, capable de trouver les côtes de réglage appropriées et de s’adapter aux spécificités de chaque piano.